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Les rendez-vous du jeudi #2: Avril

Connu sur les banc de l’école, je vous présente ici une personne qui a pour moi énormément de talent et pour qui j’ai beaucoup d’estimes. Dans cette interview, il vous raconte son histoire…

  1. Qui es-tu et d’où viens-tu ? 

Je suis IKE, rappeur français originaire du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire.

J’ai passé les 12 premières années de ma vie à Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire avant de rejoindre la France à Paris en Novembre 2004 en raison de la crise politique durant cette période à Abidjan.

Depuis, je suis passé par Nancy, Metz et je suis actuellement à Paris.

  1. Si j’étais un animal ?

Je serai un chien pour sa grande fidélité. Peu importe les évènements qui peuvent survenir, il reste toujours présent.

  1. Si j’étais une couleur ?

Je serai sûrement le rose. Elle me rappelle mon enfance et j’aime la douceur qu’elle m’apporte. Selon moi elle est synonyme d’élégance, de séduction et d’amour.

  1. Si j’étais une humeur ?

Je dirais la passion. Je suis quelqu’un de passionné et cette passion alimente ma curiosité et me permet de repousser mes limites.

La passion me permet de voir le monde sous un autre angle et de l’interpréter avec une autre palette.

Enfin lorsque je trouve un domaine qui m’intéresse, je me plonge pour en saisir la substance, les particularités. Je peux ainsi l’interpréter et l’utiliser comme un nouvel instrument dans la conception de mon art.

  1. Mon envie d’écrire

Mon envie d’écrire a débuté au collège. J’étais très timide et j’ai traversé beaucoup d’événements douloureux durant l’enfance et je n’arrivais pas à les exprimer. Je n’arrivais pas à extérioriser tout ce que je ressentais, à trouver ma place dans mon environnement.

Mon départ brutal d’Abidjan a accentué ce sentiment de colère et de frustration parce que du jour au lendemain, j’ai quitté mon école, mon cocon, ma famille et je ne savais pas si j’aurai la possibilité de les retrouver.

Et puis je découvre l’album de Grand Corps Malade « Midi 20 » et il y a une lumière qui commence à naître. Sa manière d’interpréter, les thématiques qu’il aborde, la façon dont il agence les mots résonnent en moi. Je découvre qu’un de mes oncles a collaboré sur une des chansons et dans ma tête j’ai un déclic, comme si j’avais eu une révélation « c’est possible ». Et à partir de cet instant, je me suis à écrire tout ce que je ressentais, peu importe la forme que ce soit sous forme de proses, de poèmes, le plus important pour moi était de « cracher » sur feuille toutes les émotions que j’avais. J’ai trouvé mon refuge moi qui était très timide, mon compagnon, quelqu’un avec qui je pouvais dire toutes mes émotions et me libérer de tous les poids que j’avais en moi. C’est une activité très intime et solitaire pour moi.

Depuis je n’ai jamais arrêté, j’ai continué à écrire. C’est l’écriture qui m’a sauvé car elle m’a permis de m’accepter entièrement autant mes forces que mes faiblesses, elle m’a permis de me construire et enfin elle m’a permis de savoir ce que je voulais faire dans la vie, c’est-à-dire être artiste et faire de la musique.

  1. Ce qui a forgé mon style actuel

J’ai d’abord baigné dans la musique ivoirienne ayant vécu les premières années de ma vie à Abidjan. Il y avait des styles de musique comme Le Zouglou avec des groupes comme Yodé et Siro , Magic System ,Espoir 2000, le Coupé décalé avec Douk Saga , le Zoblazo avec Meiway ou encore de la musique congolaise avec Papa Wemba. Je me suis rendu compte que toutes ces différentes formes de musique se sont imprégnés en moi bien des années après.

En découvrant le Slam par l’intermédiaire de Grand Corps Malade j’ai écouté d’autres artistes comme Rouda, Souleymane Diamanka ou encore John Pucc’ Chocolat. A chaque fois que je les écoutais, j’avais envie d’écrire.

Niveau Rap j’ai écouté beaucoup d’artistes comme Booba, je pense à des morceaux comme « Avant de Partir » ou « Pitbull ». L’album de Abd Al Malik « Gibraltar » m’a beaucoup parlé. Je peux citer également Oxmo Puccino, Disiz, Ateyaba, Black Kent, Gael Faye, J Cole, Kendrick Lamar et Drake.

J’aime beaucoup aussi la Soul /Rnb ; des artistes comme Alicia Keys, Rihanna, Jhene Aiko, Wallen et Frank Ocean font partie de mes références.

J’ai toujours été fasciné par les paroliers. Par exemple des artistes comme Goldman, Gainsbourg, Ne-Yo par leur capacité à écrire des chansons pour d’autres artistes. Je trouve qu’il a n’y rien de plus beau que d’être capable d’écrire des chansons pour les autres.

J’aimerai vraiment écrire pour des artistes évoluant dans l’univers Hip Hop /Rnb , la pop urbaine, la pop et la variété.

Gael Faye a été un élément clé. Je me posais énormément de questions quant à l’évolution de mon écriture et à l’écoute de son album « Petit Pays », il m’a prouvé que c’était encore possible pour un rappeur de bien écrire et de diffuser des émotions par ses paroles. Il a une écriture très visuelle et il m’a prouvé que ça valait encore la peine prendre le temps de bien écrire et de raconter sa propre histoire sans filtres tout en restant naturel.

Le recueil « Alcools » de Guillaume Apollinaire a été très important dans ma construction. J’ai beaucoup étudié son style et la façon dont il jouait avec les mots et comment il cassait les codes avec la syntaxe.

Enfin, l’artiste peintre Jean-Michel Basquiat m’a énormément touché par son art et comment il retranscrit son vécu sur ses tableaux, sa condition d’afro- Américain aux Etats Unis et le fait qu’il soit le premier peintre à atteindre un tel niveau de notoriété dans les années 80. Je peux ressentir sa rage , sa douleur et sa rébellion à travers ses œuvres qui sont sincères et brutales.

Ce sont toutes ces inspirations qui ont forgé mon univers artistique

  1. Mon texte préféré.

C’est une question très difficile. Je dirai « Novembre 2004 » qui n’est pas encore sortie. Je raconte comment j’ai vécu cette période de Novembre 2004, comment était ma vie avant et la personne que je suis devenu par la suite.

C’est peut -être un des textes qui me touche parce que j’ai toutes ces images qui me reviennent.

Le fait d’avoir écrit m’a fait aussi énormément de bien, parce que j’ai réussi à mettre des mots sur mes « maux profonds ».

J’ai vraiment hâte de vous le faire découvrir.

  1. Que signifie le Rap pour moi ?

Pour moi le Rap c’est l’art de s’exprimer de façon poétique avec un rythme particulier que l’on appelle le « flow ». On a une interprétation brute et naturelle.

Le Rap c’est mon espace de liberté, où je peux exprimer ce que je suis et assumer les émotions qui m’habitent.

J’ai commencé par la pratique du Slam ou je me suis concentré sur ma technique d’écriture et parce que j’avais un besoin urgent de m’exprimer. Je ne maîtrisais pas encore mon flow. J’ai travaillé en parallèle en écoutant beaucoup de Jazz ou je m’entrainais à poser dessus.

Et puis, à force de répéter j’ai progressé et j’ai fait la synthèse de ces deux écoles.

Aujourd’hui c’est ce qui de moi un rappeur différent dans la façon de m’exprimer sur les instrus et dans mon rapport à l’importance du texte qui est au cœur de mon art.

  1. Mes textes me portent-ils au quotidien ?

Tous les textes que j’ai écrits font partie de moi. Ils représentent des épisodes de ma vie et me permettent même de révéler des éléments que j’ignorais sur moi-même. Les textes me permettent de toucher ce que je suis et ce que je ressens à instant T. Je m’inspire de mes expériences, des personnes qui m’entourent, des lieux où je me trouve. Je ressens fortement les choses et lorsqu’elles résonnent en moi, je peux les exprimer. Les textes me portent au quotidien et me construisent

  1. Anecdote : Ma première Scène Slam

Je connaissais certaines scènes slams à Paris mais je n’avais pas le courage de m’y rendre. C’est en arrivant à Nancy que j’ai trouvé un lieu « Le Kwafé Slam » qui organisait des scènes tous les premiers mercredis de chaque mois. Un soir j’y suis allé, j’ai franchi le pas. J’avais mon gros cahier avec tous les textes que j’avais écrit contre moi et j’avais tellement peur. C’était un moment spécial car c’était la première fois. Et à partir de cette soirée, je n’étais plus seul, j’avais des personnes qui partageaient le même amour des mots que moi.

Le Slam m’a rendu encore plus humble parce qu’une fois que l’on finit de dire son texte dans la lumière, on repart dans le public et on écoute le prochain poète ou la poétesse.

J’ai fait de nombreuses scènes slams par la suite et des opens mics à Nancy et à Metz notamment avec le collectif « Kultura Vibes », à Paris au Downtown Café et au Babel maintenant et des tournois à travers la France. Ce sont toutes ses rencontres entre ces différents slameurs et rappeurs de divers horizons qui m’ont fait progresser dans mon rapport à la musique et à l’écriture.

Les scènes sont un prétexte à la rencontre de l’autre et cela m’a beaucoup aidé à être moins timide et à aller vers les gens.

  1. Un texte, un poème que tu aimerais partager avec nous:

Emmanuel J’ai commencé par des poèmes, Ne plus me sentir seul les soirs de peine, J’ai oublié mes blessures sur feuille, Constitué ma propre histoire en recueil, Des histoires de cœurs ramassés à la pelle Ferme les yeux Emmanuel, Kenji est dans la lune, IKE est déjà au ciel, Mon plus beau rêve je l’ai vécu en pleine croisière, A bord du ventre de ma haute mère, Je respire ce que j’écris, De la ponctuation à ce que ton cœur peut lire, Ne plus faire semblant, J’assume ce que je ressens, Ceci je je te le dis noir sur blanc, Laisse- toi aller nous en parlerons, De toutes ces heures sombres, J’ai la parole sobre, Me lève aux aurores l’esprit clair, Nous marions nos douleurs, Je ne cesse de me plaindre, Si je suis devenu distant, C’est parce que je n’ai plus rien à craindre, Non rien à perdre dans ce monde, Je suis en escale, Leur indulgence est érosive, Ma plume couleur encre érogène Mon espérance git.. C’est sûr que la différence gène, Jeune demoiselle je te regarde ne t’écartes pas, Marche encore et encore le hâle te va si bien, Petite halte au bord de cette lueur, Tu me reproches de ne plus être le même, J’ai changé le prisme, Ta peur est prisonnière, Ceci n’est pas un conte mais bien le début, D’une réalité rêvée, Me faire une place je compte y arriver,

J’assume j’assume ce que je suis Emmanuel ce soir c’est gala, Dans ton regard ces coulants comme un magma, Tu es né sous une bonne étoile Regarde, regarde ton Karma,

Je te le répète encore, Aie confiance en toi, Crois moi ce don vaut de l’or, Arrête de te prendre la tête, Marche la tête haute haute et fière, Fier de ce que tu es Emmanuel

IKE

Aboutevie

Eve est une illustratrice très inspirante et engagée qui m’a de suite plue !

J’ai la légèreté à la quelle elle traite des thématiques souvent vues comme “tabou”.

Sa plume est toute en finesse avec un style bien à elle.

Elle tien également un shop dans lequel on peut acheter ses créations à des prix tout à fait raisonnables.

Ses créations parlent d’elle même, je vous invite donc à aller voir son compte et lire ses BD qui sont extra !

_mymycracra

Les rendez-vous du jeudi se terminent encore en beauté,

Je vous dit au Weekend prochain pour de nouvelles découvertes ! 😉

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